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FILM - « SEMMIN NIAARI BOOR » : Gros plan sur les forêts dévastées

Messager—Quotidienne d’information générales
Cinéma Le film « Semmin niaari boor » projeté à Douta Seck


En collaboration avec la Maison de la Culture Douta Seck et la Troupe Zénith Art de Dakar, l'agence G'ART-ri d'Audiovisuel, de Communication et des Arts du Spectacle, a procédé à la projection en grande première du film titré « SEMMIÑ ÑIAARI BOOR » (A Double Tranchant). Cette fiction documentaire coréalisée par les metteurs en scène sénégalais et américain Pape FAYE et Jesse RIBOT, pose de manière frontale la problématique de la production du charbon de bois et les nombreux problèmes que cette activité ne manque pas de soulever. Cette première sortie s'est déroulée en présence des autorités du département de l'Environnement, des comédiens et aussi des acteurs évoluant dans le secteur.

La trame du film relate l'histoire du Projet dénommé « Gérer la Foret ». C'est le nom imaginaire donné au Projet d'Exploitation Forestière des Eaux et Forêts du Sénégal, en ce sens qu'il va permettre aux populations du village de Daru Fippu, de participer à la production du charbon de bois issu de leur propre forêt et que les grands exploitants acheminent régulièrement sur Dakar.

Ce précieux combustible sera à l'origine du conflit qui va opposer « les coupeurs professionnels » étrangers pour la plupart, mais à la solde de l'administration des Eaux et Forets, avec des villageois déterminés à protéger leurs intérêts et à faire respecter leur droit en évoquant la Loi sur la Décentralisation.

Weex Dunx, le Président de la Communauté Rurale de Daru Fippu et Mbaxan, le Chef du projet « Gérer la Forêt » qui va tenter de jouer « aux bienfaiteurs » des villageois, craignent d'être les victimes d'un puissant réseau des patrons charbonniers. Conscients du double jeu et du jeu de cache-cache aux relents politiciens auxquels ils ont été soumis jusqu'ici, les villageois, grâce aux conseils de Weex Dunx et de Mbaxan, décident enfin de ne plus se laisser faire. Ils vont s'organiser.

A la fin de la projection, les différentes interventions ont permis à l'assistance de se rendre compte de la complexité du problème, mais surtout de voir les nombreux orateurs défendre avec hargne leur chapelle. Le commandant Amadou Fall s'est insurgé contre la vision caricaturale du rôle de l'administration des Eaux et Forêts que véhicule le film. Il a tenu à apporter un certain nombre de précisions pour affirmer que ses services ont abattu un énorme travail au profit des populations, qui profitent mieux de cette activité. Un son de cloche différent est venu du réalisateur, l'américain Jess Ribot, est largement revenu sur l'historique de cette activité qui n'a pratiquement jamais bénéficié aux villageois. Il a insisté sur le problème récurent des quotas qui a longtemps lésé les paysans.

Revenant sur ses recherches qui ont duré plus de 25 ans, il a préconisé une plus grande concertation au niveau de tous les intervenants du secteur. Même les exploitants ont tenu à apporter un certain nombre d'éclaircissements. Pape Faye a informé la presse que le film a été tourné au mois d'avril 2009, entre Dakar et Tambacounda.
M F Lo
Lundi 11 Janvier 2010
© lemessagersn. info

FILM - « SEMMIN NIAARI BOOR » : Gros plan sur les forêts dévastées
Janvrier 2010

UN ARTICLE DU QUOTIDIEN NATIONAL "LE SOLEIL'

FILM - « SEMMIN NIAARI BOOR » : Gros plan sur les forêts dévastées

La consommation du charbon de bois en milieu urbain a un effet négatif sur le monde rural. Selon les réalisateurs du film «  Semmin niaari boor  », les populations sont à la merci d’exploitants qui, de connivence avec l’administration forestière, commercialisent le charbon au niveau des centres urbains.

«  Semmin niaari boor  » ou «  A double tranchant  », c’est le titre du film présenté au public, il y a quelques jours, par le comédien sénégalais Pape Faye et le réalisateur américain Jesse Ribot et qui évoque l’exploitation forestière à outrance au Sénégal. Selon eux, les exploitants ou «  coupeurs professionnels  » sont de mèche avec l’administration forestière pour exploiter et commercialiser le charbon à Dakar. Tout repose sur un système de quota que l’administration délivre aux exploitants et, très souvent, au détriment des villageois écartés du système. La scène se passe à Darou Fippou ou camp de la révolte, un village imaginaire où cette pratique est une réalité quotidienne.

Les populations, sous la houlette de Saliou et d’Aïssatou, deux villageois conscients des enjeux de l’exploitation de la forêt, veulent renverser la tendance. L’aide de leur président de communauté rurale (Pcr) Weekh Dounkh (le comédien Ousseynou Bichichi de Zénith Art) et du directeur de projet (Pape Faye) leur sera d’un grand apport. Grâce à eux, les villageois réussissent à intégrer le fameux projet «  Gérer la forêt  » que l’administration a mis en place pour leur permettre de prendre part à l’exploitation de leur forêt. Une révolution dans le secteur car, à côté des puissants hommes d’affaires, les villageois peuvent désormais participer à l’exploitation et à la commercialisation de la forêt. Toutefois, à la place des quotas dont bénéficient les exploitants, l’administration ne leur alloue que de simples contrats, ce qui limite les chargements à convoyer à Dakar.

Ce film de plus d’une heure touche du doigt le véritable problème de l’exploitation forestière. Après la projection, les réactions ont été nombreuses, notamment celle du commandant Mamadou Fall des Eaux et Forêt qui soutient que le documentaire est en déphasage avec ce qu’il vit en tant que spécialiste. Selon lui, l’administration forestière n’a jamais privilégié les exploitants au détriment des villageois. Il estime que les contrats se passent généralement à la base, au niveau des populations. Pour l’exploitant forestier Abdoulaye Sow, l’image d’un homme véreux que les réalisateurs ont voulu donner à ses collègues n’est pas juste. De son côté, Jesse Ribot, coréalisateur du film, professeur à l’Université de l’Illinois (Usa) et chercheur en Géographie, a réagi en affirmant qu’il a mûri son projet après des recherches approfondies de 25 ans au Sénégal. Ce film retrace simplement la consommation du charbon de bois dans les centres urbains et ses effets sur les plans sociaux, environnementaux et économiques sur le monde rural, a-t-il expliqué. 

Maguette NDONG

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